Alimentation du futur, entre innovation et durabilité

Que mangerons-nous demain ?

Audi Magazine

Face aux urgences climatiques, l’évolution de la mobilité, en faveur de laquelle Audi s’engage résolument, est une des clés pour inventer un nouveau modèle durable. La transformation de notre alimentation en est une autre, sans doute aussi essentielle. En tête des préoccupations, les protéines animales, dont les modes de production actuels ont un impact écologique globalement trop lourd. Portées par l’innovation et la technologie, de nombreuses alternatives se développent. Petit tour d’horizon de cette alimentation du futur déjà à nos portes.

Que mangerons-nous demain ?
Changer de modèle

Changer de modèle

Selon les statistiques de l’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’élevage représente, à l’échelle mondiale, 14,5 % des émissions de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine. Au total, 80 % des terres agricoles sont consacrées aux plantes fourragères, alors que les produits d’origine animale ne représentent que 20 % de notre alimentation.

Il s’agit de chiffres recouvrant des réalités fort différentes et qui ne remettent pas en cause le travail des petits éleveurs locaux. Ils obligent néanmoins à repenser le modèle de la production de masse de protéines carnées afin d’envisager de nourrir à l’horizon 2050 quelque 10 milliards d’habitant sur une planète dont les ressources ne sont pas illimitées.

Quelles sont les alternatives aux protéines animales ? Plusieurs pistes existent. Les insectes constituent un réservoir à fort potentiel, tout comme les algues. Sans oublier l’immense richesse des protéines végétales, notamment toutes les variétés de haricots, de pois et de sojas.



©️photo : Protealis

Les graines de l’avenir

Les graines de l’avenir

À l’heure actuelle, l’Europe dépend quasiment totalement des importations pour sa consommation de protéines végétales. C’est en partant de ce constat que la start-up Protealis a mis en place un projet de développement de graines de soja adaptées à notre climat et capables de répondre aux besoins des agriculteurs en termes de rendement. Deux de ces créations sont d’ores et déjà devenues une réalité et figurent dans la liste des semences les plus performantes publiée par ILVO – l’institut flamand de recherche pour l’agriculture, la pêche et l’alimentation. Plus productives de 15 % que toutes les autres semences végétales concurrentes, elles fournissent 46 grammes de protéine pure pour 100 grammes de soja, alors que les productions carnées ont un rendement compris en 17 et 23 grammes par 100 grammes.

Benjamin Laga, CEO de Protealis, précise l’importance de ces performances : « Dans les 50 années à venir nous devrons produire autant de nourriture que durant les 10 000 années écoulées si nous voulons répondre aux besoins d’une population mondiale en constante augmentation. Et nous devons le faire en réduisant notre empreinte carbone. Cela ne sera possible qu’en optimisant les niveaux de consommation en eau, en énergie, en nutriments, en sol… Il est donc crucial d’améliorer les rendements ». La culture de protéines végétales, que ce soit les sojas conçus par Protealis mais également toute une série de légumineuses telles que le pois chiche, a aussi un impact écologique positif pour la santé des sols. Ce sont en effet des espèces qui se fertilisent elles-mêmes, en symbiose avec certaines bactéries contenues dans la terre, et qui facilitent le cycle de l’azote, indispensable à toute culture végétale.



©️photo : Protealis

L’ère des insectes

L’ère des insectes

Avaler des larves et grignoter des sauterelles ? En occident, l’idée rebute souvent la plupart des papilles. L’entomophagie – terme officiel désignant la consommation d’insectes – est pourtant une piste très prometteuse dans la perspective d’une réduction de la production de viande. L’élevage d’insectes est en effet nettement moins gourmand en espace et en énergie. Il peut de plus se pratiquer de façon très locale, y compris en milieu urbain, et sans grandes contraintes climatiques. Le tout avec un impact écologique réduit.

Fondée en 2018 par les frère et sœur bruxellois Anneleen et Michiel Van Meervenne , la start-up Kriket commercialise des barres protéinées et des granolas fabriqués avec des grillons. En mettant l’accent sur l’aspect ludique et gourmand de leurs produits, et grâce à un packaging évitant les références trop directes aux insectes, ils connaissent un succès grandissant et sont d’ores et déjà présents dans plusieurs enseignes de la grande distribution.



©️photo : KRIKET

L’ère des insectes

« L’utilisation d’insectes dans notre alimentation offre de très nombreux avantages », explique Antoine Roba, business developer chez Kriket. « D’un point de vue nutritionnel, les grillons que nous utilisons dans notre gamme contiennent beaucoup de protéines, de vitamines, de fer, de zinc. De plus, leur production s’intègre dans un schéma d’économie circulaire puisqu’ils se nourrissent des résidus alimentaires et ne nécessitent pas d’importation de matières premières. Sur l’aspect environnemental, leur élevage nécessite 22 000 fois moins d’eau que celui du bœuf et rejette 99 fois moins de gaz à effet de serre. Sur le plan gustatif, ils développent de subtiles saveurs de noisettes et ont un croquant inimitable. »



©️photo : KRIKET

Marée montante

Marée montante

Tout aussi exotiques dans nos menus, les algues constituent un autre territoire à explorer pour les bâtisseurs de notre alimentation du futur. L’un d’entre eux se trouve à Bredene. Fondateur du Studio Zeewier et chef du restaurant Le Homard et la Moule by Seaweed Chef, Donald Deschagt est le plus grand connaisseur des végétaux de mer de tout le Benelux. Il ne tarit pas d’éloges sur leurs vertus. « Ce sont des produits d’une incroyable diversité, ouvrant la voie à mille et une applications culinaires. Ils apportent aux plats de nouvelles saveurs et de nouvelles textures, avec des possibilités de transformation quasi infinies. Ce sont aussi des aliments sains, riches en antioxydants et en protéines, qui constituent d’excellentes alternatives végétariennes à une foule d’ingrédients. »



©️photo : Le Homard et la Moule By Seaweedchef

Marée montante

« Comme beaucoup de chefs, quand j’ai voulu m’intéresser aux végétaux marins, j’ai dû me tourner vers les magasins asiatiques qui étaient les seuls à proposer quelques algues séchées. Cela me semblait néanmoins illogique de faire venir des produits du bout du monde, alors que nous avons la mer du Nord juste devant nous ici à Bredene. Je suis parti à la découverte de ce monde inexploré et j’ai pénétré dans un nouvel univers de saveurs. On associe très vite les algues aux notes iodées, à juste titre, mais leur palette de saveurs et de structures est cependant bien plus diverse. Certaines ont des accents de noix alors que d’autres peuvent rappeler la truffe. On peut même utiliser des algues gélatineuses pour remplacer le speck ! ».

Sous l’impulsion de Donald Deschagt, plusieurs agriculteurs ont lancé des cultures de végétaux comestibles, en Belgique et aux Pays-Bas, qui sont désormais disponibles dans chez plusieurs distributeurs grand public. Une production locale qui, combinée aux réalisations de Protealis ou de Kriket, préfigure une autre forme d’autonomie alimentaire pour nos régions.



©️photo : Le Homard et la Moule By Seaweedchef

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