De gaz à effet de serre à matière première à part entière

Avec D-CRBN, le CO₂ devient une nouvelle matière première

Audi Magazine

L'industrie automobile n'est pas la seule à faire tout son possible pour réduire ses émissions de CO₂. C'est également un sujet brûlant dans d'autres secteurs. Par exemple, CO₂ contenu dans les gaz de combustion industriels pourrait-il être capturé avant d’être libéré dans l’atmosphère, et puis être transformé en matière première à part entière ? C'est la solution imaginée par l'entreprise belge de technologie climatique D-CRBN.

Avec D-CRBN, le CO2 devient une nouvelle matière première
La production durable est l'un des grands défis de notre époque

La production durable est l'un des grands défis de notre époque, où chaque contribution compte pour obtenir des résultats. Audi, par exemple, a pour objectif d'être neutre en carbone d'ici 2050 grâce au projet Mission:Zero. Cet objectif comporte des défis majeurs, tels que la réduction à zéro de l'impact de la production automobile elle-même. « Au départ, la voiture moyenne générait le plus d'émissions pendant la phase d'utilisation. Mais avec l'importance croissante des voitures électriques, ces émissions se déplacent de plus en plus vers la phase de production », explique Peter Kössler, membre du conseil d'administration pour la production et la logistique chez Audi AG. « C'est pourquoi nous visons une production neutre en CO₂ sur tous les sites et étendons cette ambition à l'ensemble de la chaîne logistique. De cette manière, nos voitures arrivent chez les clients avec une empreinte écologique plus faible. » Audi Brussels est déjà le pionnier par excellence de la durabilité de la marque aux quatre anneaux, puisqu'elle est neutre en carbone depuis 2018. Dans un autre domaine, une réussite belge en matière de production durable a également été mise en place à Anvers.

Carbon Capture and Storage

Carbon Capture and Storage

Ce n'est pas un hasard si l'entreprise de technologie climatique D-CRBN (prononcer « decarbon ») est basée à BlueChem, l'incubateur de chimie durable du port d'Anvers, le plus grand pôle chimique d'Europe. Cet emplacement stratégique permet à l'entreprise de se concentrer sur des applications pour les secteurs de la pétrochimie, de la métallurgie et du transport maritime. Dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique, il est essentiel que toutes ces industries réduisent rapidement et considérablement leurs émissions de CO₂. L'un des moyens d'y parvenir est de capturer et de stocker le CO₂ libéré lors des processus de production (CCS ou Carbon Capture and Storage), principalement en souterrain. D-CRBN propose de son côté une nouvelle solution : des réacteurs à plasma innovants qui convertissent le CO₂ libéré par les cheminées en monoxyde de carbone (CO) et en oxygène (O₂).

De déchet nocif à matière première qualitative

De déchet nocif à matière première qualitative

La technologie du plasma utilisée dans ce processus n'est pas nouvelle en soi, mais l'efficacité de la conversion du dioxyde de carbone en monoxyde de carbone est normalement faible. En collaboration avec l'université d'Anvers, D-CRBN a toutefois mis au point un nouveau procédé dont l'efficacité est au moins cinq fois supérieure. Le monoxyde de carbone peut alors être utilisé pour produire de nouveaux carburants (méthanol, e-carburants), des matières premières (plastiques) et des produits chimiques (acide formique). « Nous allons plus loin que le CSC (captage et stockage du carbone) : nous ne nous contentons pas de stocker le CO₂, nous l'utilisons. Ce principe de « Capture and Carbon Utilization » rend notre technologie unique. Pour nous, le CO₂ n'est plus un déchet nocif, mais une nouvelle matière première à part entière qui offre de nombreuses possibilités. Si nous pouvons recycler le CO₂ des entreprises en CO, elles pourront le réutiliser dans leurs propres processus de production », explique Gill Scheltjens, PDG.

45 millions d’arbres

45 millions d’arbres

Fin 2023, D-CRBN a annoncé son premier projet pilote avancé d'une capacité annuelle de 1 000 tonnes de CO₂, une étape importante pour l'entreprise et un pas de géant vers un avenir plus vert et plus durable. « D'ici 2030, nous espérons réaliser notre rêve le plus grand : avoir notre propre usine de recyclage dans le NextGen District d'Anvers. Elle sera en mesure de décomposer localement le CO₂ capturé par différentes entreprises, qui nous est acheminé par un seul pipeline, et de le convertir en CO. Nous pourrons ainsi traiter 1 million de tonnes de CO₂ par an », explique David Ziegler, directeur général. À titre de comparaison, il faut 45 millions d'arbres pour compenser 1 million de tonnes de CO₂.

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