Joost Vandendries : la gravité comme moteur
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Joost Vandendries : la gravité comme moteur

Joost Vandendries : la gravité comme moteur

De 0 à 200 km/h en moins de 6 secondes : cette performance n'a pas été réalisée par le dernier modèle Audi RS, mais en ski de vitesse. Joost Vandendries, détenteur du record de vitesse belge, présente ce sport qui a beaucoup de points communs avec la course automobile.

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Joost Vandendries : la gravité comme moteur

Vous pensiez dévaler les pistes en un temps record lors de vos vacances annuelles aux sports d'hiver ? Dans ce cas, vous ne connaissez pas le ski de vitesse, le sport non motorisé le plus rapide au monde, dont le record mondial est actuellement de 255,5 km/h. Pas sur des pistes de ski ordinaires, bien sûr, mais sur un parcours spécialement préparé, sans obstacles, en altitude, où la résistance de l'air est moindre. La piste légendaire de Chabrières à Vars, par exemple, s’étend sur 1 400 mètres avec une pente allant jusqu'à 98 % d’inclinaison. Le temps du skieur de vitesse est enregistré dans la zone de chronométrage de 100 mètres. En 2019, Joost Vandendries a établi le record de Belgique à 218,845 km/h. Depuis, il n'a cessé d'affiner son matériel et sa technique, bien décidé à rendre sa vitesse encore plus pointue.

Un contrôle extrême

« En fait, je n'ai commencé le ski de vitesse qu'à l'âge de 40 ans », précise d’emblée Joost Vandendries. « Tout a commencé grâce à ces applications qui vous permettent de mesurer votre vitesse sur la piste. J'aime la vitesse et je voulais skier très vite. J'ai commencé en tant qu'amateur de ski de vitesse, avant de faire mes débuts en Coupe du monde en 2010. Après une petite chute cette même année, j'ai réalisé que je devais faire mieux. Je me suis alors entraîné pendant trois ans pour atteindre le niveau nécessaire pour participer à nouveau à des compétitions. Les gens pensent parfois que nous sommes fous, mais ce n'est pas du tout le cas. Pour atteindre des vitesses élevées, il faut être extrêmement entraîné. Au début, vos yeux ne parviennent pas à communiquer avec votre cerveau assez rapidement, c'est pourquoi nous augmentons graduellement cette vitesse. L'équipement, les skis, l'entraînement, la santé mentale... Tous ces paramètres doivent être au point. Cela reste un sport extrême, pour lequel nous visons un contrôle extrême. »

Objectif aérodynamisme

En été, Joost fait du fitness et du ski nautique, et en hiver, il essaie de skier autant que possible. Il consacre également beaucoup de temps au développement de son équipement. Joost : « On peut parfaitement comparer le ski de vitesse à la Formule 1 : on peut et on doit toujours s'améliorer en termes de matériel et de technique. Les skieurs de vitesse ont trois éléments importants : leur position, les spoilers sur les jambes et le casque. Ces deux derniers éléments assurent la stabilité. Par leur mouvement, un skieur et une voiture de sport créent pour ainsi dire un trou dans l'air, et nous essayons de le rendre aussi petit que possible. Après tout, derrière votre corps, il y a une résistance à l'air ou des turbulences, et c'est ce qui vous ralentit. Nous améliorons donc de plus en plus la forme des spoilers et du casque, en l'adaptant à votre corps. En d'autres termes : aussi aérodynamiques que possible. Il n'y a pas de forme standard : mes mollets sont différents de ceux des autres skieurs de vitesse, il en va de même pour ma tête et ma posture. C'est la raison pour laquelle il faut développer des produits complètement personnalisés. »

Tests en soufflerie

Entre-temps, Joost Vandendries a construit environ sept casques différents, pour lesquels il a collaboré avec un ingénieur de la société belge Innoptus : « Je suis scanné en 3D en position debout, sans spoilers ni casque. Cette image est utilisée pour ajouter différents modèles de casques et de spoilers par CFD (Computational Fluid Dynamics), qui sont ensuite testés dans une soufflerie virtuelle. Cela nous permet de déterminer la forme idéale, qui sera ensuite fabriquée et testée dans une vraie soufflerie. Pour ce faire, je bénéficie de l'aide du professeur Bert Blocken de la KU Leuven. Dans la soufflerie, nous essayons de confirmer ce que nous avons vu dans les simulations CFD, que nous validons ensuite sur la piste. Parfois, les choses qui semblent parfaites dans la CFD et la soufflerie ne fonctionnent pas sur la piste, parce qu'on n'y est pas aussi stable. Si je devais travailler avec des membres d'une équipe de Formule 1, par exemple, je suis sûr que d'autres idées émergeraient. Par exemple, vous pouvez appliquer le vortex pour créer des micro-turbulences, afin d’obtenir moins de turbulences derrière vous. »

À fond vers les 230 km/h

C'est un sport aux mille détails, et tout doit être parfait. « Pour mes skis, j'ai construit une presse avec le fabricant de skis belge Pierre Gerondal pour fabriquer mon modèle spécial de 2 mètres 40 en titane. Pour cela, nous avons fait beaucoup de recherches entre-temps et nous avons déjà plusieurs idées. Il nous reste maintenant à obtenir le soutien financier nécessaire à la fabrication des skis. Après tout, ce serait une bonne chose d'établir un nouveau record de Belgique sur du matériel belge, et cela devrait être possible. Lorsque j'ai réalisé mon record sur les Chabrières, la piste n'était pas entièrement utilisable : les 200 mètres supérieurs étaient fermés à cause d'une petite avalanche. Entre-temps, je n'ai pas encore eu l'occasion de partir plus haut, pour des raisons de blessure mais aussi climatiques. Après tout, les conditions doivent être parfaites pour battre des records. Mais je peux encore aller plus vite, j'espère jusqu’à 230 km/h », conclut Joost Vandendries.