À l'avenir, nous nous tournerons de plus en plus vers des sources d'énergie renouvelables telles que les panneaux solaires et les éoliennes. Mais comme le vent et le soleil ne sont pas en constante activité, leur production d'électricité n'est pas prévisible. Pour contribuer à l'équilibre de notre réseau haute tension, le plus grand site actif de batteries du Benelux a été installé par EStor-Lux à Bastogne.
Les sources d'énergie renouvelables telles que les panneaux solaires et les éoliennes se caractérisent par leur rendement imprévisible : lorsqu'il y a beaucoup de soleil et de vent, elles produisent de l'électricité en abondance, et inversement. L'utilisation accrue de ces sources d'énergie entraîne donc un besoin croissant d'électricité injectable flexible pour notre réseau à haute tension. Une partie de cette "puissance de régulation" doit pouvoir être enclenchée très rapidement pour éviter les écarts de fréquence. Actuellement, elle est produite dans des centrales électriques au gaz, mais depuis quelques mois, nous disposons en Belgique d'un parc de batteries à grande échelle qui peut prendre en charge cette tâche. Il est exploité commercialement par le consortium EStor-Lux (RIW, Ackermans & van Haaren, CFE, BEWATT, SOCOFE, IDELUX, SOFILUX).
100 véhicules électriques
« Les injections dans le réseau haute tension doivent être toujours égales aux prélèvements. Lorsque vous éteignez votre lampe ou votre PC, une centrale électrique doit immédiatement commencer à produire un peu moins, sinon la fréquence se met à fluctuer », explique Pierre Bayart (administrateur délégué de BSTOR). « Dans le passé, c'était déjà un défi de suivre la demande avec les installations de production. Mais il faut tenir compte d’un nouveau facteur avec les énergies renouvelables : leur production peut varier rapidement, ce qui les rend imprévisibles. Le besoin de flexibilité augmente donc, et notre projet y contribue. C'est comme si nous avions 100 véhicules électriques connectés au réseau haute tension et que leur batterie était utilisée exclusivement pour équilibrer le réseau. Lorsqu'il y a un surplus de production d'électricité, nous pouvons la stocker. S'il y a plus de consommation ou moins de production que prévu, nous pouvons réinjecter cette électricité dans le réseau. »
Concurrence avec les centrales au gaz
Aujourd'hui, la stabilisation est assurée par des centrales à gaz. Mais les périodes pendant lesquelles le prix de l'électricité est inférieur au coût de production de ces centrales sont de plus en plus fréquentes et longues. Pierre Bayart : « En effet, nous aurons davantage de périodes pendant lesquelles la production d'énergie renouvelable sera suffisamment élevée pour répondre à la consommation. Dans ces situations, nous sommes toujours obligés de payer les usines à gaz pour qu'elles fonctionnent à perte. Avec notre parc de batteries, nous voulons montrer qu’une alternative neutre en carbone peut apporter une solution, tout en garantissant la flexibilité requise. Après tout, les batteries sont moins chères et fonctionnent mieux : elles réagissent à la seconde, alors qu’une centrale à gaz est plus lente. Nous pourrons ainsi concurrencer les centrales à gaz actuelles, afin qu'elles puissent être remplacées par des batteries sur le long terme. »
Une première en Europe
Dans le reste de l'Europe et au Royaume-Uni, des parcs de batteries similaires atteignent déjà une durée de stockage de 30 à 60 minutes. Le projet belge est l'un des premiers en Europe à utiliser une capacité plus importante : 120 minutes pour charger et décharger le système. Cela permet des activations plus fréquentes et plus longues pour assurer l'équilibre. Cédric Legros (EStor-Lux) : « L'électricité que nous utilisons pour charger les batteries provient actuellement du réseau. La source d'énergie n'est donc pas déterminée. À l'avenir, lorsque la production d'énergie renouvelable sera plus importante et que les batteries atteindront une capacité de stockage encore plus grande - par exemple, de 4 à 8 heures - nous aurons de nouvelles possibilités. À ce moment-là, un champ de panneaux solaires ou d'éoliennes en mer peut être relié à un parc de batteries, stocker le surplus d'électricité produit ici et le libérer lorsque la demande est à nouveau plus élevée »
Recharge des voitures de société
Cédric Legros et Pierre Bayart l’affirment : les grandes entreprises ou les supermarchés qui connectent des panneaux solaires ou des éoliennes à leur propre parc de batteries offrent une solution tournée vers l'avenir. « De cette façon, la batterie peut fonctionner comme une réserve locale d'énergie 100 % renouvelable. Outre l'alimentation des activités professionnelles, il sera également possible de recharger les voitures de société, par exemple, ce qui est beaucoup moins cher que de se procurer de l'électricité sur le réseau. Une innovation similaire à plus petite échelle, que nous voyons déjà, est la batterie de quartier. Ici, les excédents d'énergie (provenant par exemple des panneaux solaires des maisons) sont stockés dans une batterie locale, pour être utilisés lors des pics de consommation. Des projets innovants pour l'avenir mûrissent également chez EStor-Lux : nous visons une capacité de 150 mégawatts, dont nous voulons mettre en place le financement d'ici 2025-2026. C'est quinze fois ce que nous avons actuellement à Bastogne, mais réparti sur trois ou quatre sites de plus grande capacité », conclut Pierre Bayart.