« Il faut toujours trouver le bon équilibre »
Audi Belgique Sustainability
« Il faut toujours trouver le bon équilibre »

« Il faut toujours trouver le bon équilibre »

Stimuler la biodiversité sur le site d’une usine automobile constitue le fil rouge de la mission quotidienne de Cathy Massart, responsable biodiversité à Audi Brussels. Et cela commence à se voir de plus en plus dans la pratique. Le travail continue et deux nouveaux projets ont vu le jour. L’occasion idéale de faire le point.

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« Il faut toujours trouver le bon équilibre »

Remplacer les moteurs thermiques par les moteurs électriques est une bonne idée pour lutter contre la présence des particules fines dans l’air. Mais il faudra faire plus pour les éliminer totalement. En effet, 85 % des particules fines présentes dans la circulation sont dues à l'abrasion des freins, des pneus ou des revêtements routiers. Afin de respecter les nouveaux seuils fixés par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Audi a décidé de s’activer, dans la lignée de son projet Mission:Zero visant la neutralité carbone. En collaboration avec le fournisseur MANN+HUMMEL, elle vient de développer un nouveau filtre, l’Audi Urban Purifier, intégré directement dans les véhicules électriques. Si son fonctionnement est similaire aux systèmes stationnaires déjà en place dans certaines villes, le filtre Audi présente ses propres atouts majeurs.

Il y a un an, nous découvrions votre rôle particulier à Audi Brussels, dans le but de stimuler la biodiversité. Un thème qui prend de plus en plus d’ampleur chez Audi. J’imagine que ça n’a pas changé en 12 mois ?

Tout à fait. Même avec la pandémie, Audi a poursuivi son plan Mission:Zero (pour réduire l’empreinte écologique de ses sites de production, ndlr) et nous avons donc également continué à travailler sans relâche. À l’époque où nous nous sommes parlés, certains projets avaient été freinés dans leur élan. Mais depuis, leur développement a pu se poursuivre. Il y a donc deux projets que nous pouvons évoquer aujourd’hui : un qui est déjà mis en place, et l’autre qui le sera très prochainement.

Excellente nouvelle ! Commençons donc par celui qui a déjà été réalisé…

Notre partenaire Bee-O-Diversity, dont je vous parlais déjà dans la première interview, nous a aidés à transformer l’espace qui se trouve dans l’îlot central de l’usine. Auparavant, il était constitué de bancs et d’une pelouse tondue à ras et souvent victime de sécheresse. Aujourd’hui, cet espace est désormais composé de plantes diverses et locales pour la plupart. Tous les parterres ont été repensés : on y trouve désormais des arbres fruitiers, des arbres multitroncs ainsi que des plantes multiples. Les plus grands espaces sont quant à eux devenus des prairies fleuries. Les travaux ont été réalisés par Les Jeunes Jardiniers, une ASBL qui emploie du personnel atteint d’un handicap, ajoutant ainsi une dimension sociale au projet.

Comment se passe l’intégration de cette nouvelle zone ?

Nous sommes encore dans une période d’adaptation. Beaucoup de questions se posent, notamment sur l’entretien. Quand faut-il tondre, couper, arroser ? Certaines plantes ont poussé de manière... inattendue. L’aspect est fort différent d’une pelouse tondue toutes les deux semaines, et la floraison n’est pas la même toute l’année. Nous fonctionnons donc pour l’instant par essais et erreurs. Nous regardons ce qui a marché ou non. Nous tirons les enseignements et nous corrigerons le tir. C’est une nouvelle façon d’appréhender la nature. Mais les bases sont là et nous sommes contents de nous être lancés. Il faut continuer sur cet élan.

Qu’avez-vous déjà pu remarquer ?

Ce qui est très intéressant à signaler, c’est qu’avec la météo particulière de l’été dernier, nous n’avons pas eu besoin d’arroser. En effet, une nature touffue retient mieux l’eau. Et le constat qu’on en fait, c’est que ces zones sont mieux résistantes au stress. Elles permettent d’absorber plus d’eau en cas d’intempéries, et se déshydratent moins vite quand la pluie se fait plus rare. Ce qui serait très intéressant en cas de période plus sèche. Il faudra toutefois confirmer cette hypothèse dans la pratique, quand la météo sera effectivement plus chaude.

Quelles sont les réactions du personnel de l’usine ?

Les collaborateurs ont l’air heureux de profiter d’un espace plus agréable pour prendre leur pause, prendre un café, discuter. Ils n’ont pas hésité à nous donner leur avis ou même à partager quelques conseils utiles sur l’entretien. La zone suscite donc de l’intérêt. Sur un plan plus personnel, j’y prends moi-même ma pause, et je remarque que les gens ont l’air de s’y sentir bien.

Avez-vous pu présenter officiellement ce nouvel espace ?

Nous avons beaucoup communiqué envers les collaborateurs, depuis le début des travaux jusqu’à la fin. Au vu de la situation sanitaire actuelle, nous n’avons pas pu organiser de grand événement. Nous avons néanmoins offert un sachet de graines à tout le monde, et également donné quelques conseils sur l’entretien d’une pelouse dans un meilleur respect de la biodiversité. Certains collaborateurs ont également participé à des ateliers pour fabriquer des hôtels à insectes et nichoirs qui seront déployés pour le printemps prochain.

Parlons maintenant du deuxième projet…

Le deuxième projet concerne l’installation de toitures vertes sur le toit de deux nouveaux bâtiments sur le site d’Audi Brussels. Si tout va bien, elles devraient être mises en place avant la fin de l’année 2021. Ces toitures se composent de graminées, de plantes grasses et nous y planterons également plusieurs sortes de fleurs. Elles seront posées sur le toit de bâtiments techniques d'un étage.

Quels sont les avantages d’une telle toiture ?

Il y en a deux principaux. Premièrement, elles peuvent jouer un rôle tampon dans la rétention de l’eau, afin qu’elle ne soit pas directement renvoyée vers les égouts en cas de fortes pluies. Et deuxièmement, la couche de terre peut servir d’isolant supplémentaire. En été, le bâtiment chauffera moins vite, et gardera mieux la chaleur en hiver. Ces avantages devront bien sûr être observés attentivement dans la pratique. Mais si les résultats sont bons, pourquoi ne pas l’étendre à d’autres toitures plates du site ?

Voilà deux projets qui s’annoncent prometteurs. Pour terminer, comment voyez-vous l’année 2022 ?

Ce sera l’année de la consolidation. Nous devons apprivoiser ce qui a été mis en place, faire maturer les projets. Il faut faire avec ce que la nature donne. On ne peut par exemple pas laisser déborder les plantations. Le bon équilibre doit toujours être trouvé. Nous avons donc pas mal de points de travail mais nous continuons à avancer.

Notre objectif reste le même : stimuler la biodiversité dans l’univers d’une usine automobile. Et toutes les actions sont bonnes à prendre pour changer les choses.