La réouverture en septembre 2022 du Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers (KMSKA) sera marquée par une grande première : un tableau de James Ensor acquis grâce à des Art Security Tokens, des actions virtuelles basées sur la technologie blockchain de la plateforme belge Rubey. Dans le même temps, cette dernière pense déjà à un nouveau projet, qui ne manquera pas d'intéresser les amateurs de voitures.
Une méthode de financement innovante
Comment les Art Security Tokens ont-ils vu le jour ? « Au sein du Untitled Workers Club, nous créons des campagnes entre autres pour Toerisme Vlaanderen et un certain nombre de musées », explique Gwenn Nevelsteen (Untitled Workers Club/Rubey). « Lorsque nous avons travaillé sur l'année Rubens, l'année Breugel et l'année Van Eyck, nous avons remarqué que beaucoup des meilleurs tableaux se trouvent à l'étranger. Nous avons pensé que ramener un tel chef-d'œuvre en Belgique via une méthode de financement innovante serait une excellente idée de campagne. C'est là qu'est née la base du projet, que nous avons finalement élaboré nous-mêmes. Ce projet de haute technologie étant très novateur et exigeant les normes de sécurité les plus élevées, de nombreux obstacles ont dû être surmontés. C'est la raison pour laquelle il a fallu 3 à 4 ans pour le réaliser. Finalement, c’est le tableau "Carnaval de Binche" de James Ensor qui a été choisi pour notre premier achat. Sa valeur totale est de 1,41 million d'euros, et l'œuvre sera prêtée au Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers (KMSKA) pendant 10 ans. Une grande première pour marquer sa réouverture ! »
La technologie Blockchain
Cette technologie étant totalement nouvelle, les Art Security Tokens (AST) sont encore parfois confondus avec les bitcoins ou les NFT (Non-Fungible Tokens). Cependant, avec les AST, les investisseurs bénéficient d'une excellente protection juridique, contrairement à la deuxième catégorie précitée.
« Les deux fonctionnent avec la blockchain, qui permet d'enregistrer la propriété et le mouvement des jetons », éclaire Marcell de Vries (2140 Consulting/Rubey). « Mais à la différence des crypto-actifs, les AST s'inscrivent dans un cadre réglementé par la législation financière, tout comme les actions et les obligations, par exemple. Par conséquent, en tant qu'investisseur, vous bénéficiez de la même protection qu'avec ces instruments financiers traditionnels. En outre, avec les crypto-monnaies et les NFT, vous n'avez jamais de garantie physique - tout est numérique, leur valeur est illustrée par le montant que quelqu'un est prêt à donner pour cela - alors qu'avec les AST, vous disposez d’un tableau réel comme garantie qui peut être vendu à tout moment. De plus, à partir d'un certain point, vous pouvez également à nouveau échanger ces jetons. »
Le début d’une révolution
Une autre critique fréquemment entendue à l'égard des crypto-monnaies est la forte consommation d'énergie qu'elles impliquent. Cela dépend du choix de la blockchain. Celle du bitcoin, par exemple, est très gourmande en énergie. Rubey a par ailleurs anticipé ce phénomène en choisissant la devise Ethereum. Si sa consommation d’énergie est encore actuellement élevée, ce problème sera résolu à court terme de manière radicale.
Peter Hinssen, entrepreneur tech et associé de Rubey, prévoit un grand avenir pour les AST : « Je suis absolument convaincu qu'il ne s'agit pas d'un battage médiatique, mais du début d'une révolution. Sur le plan technologique, ces jetons de sécurité sont le nec plus ultra de ce qui se passe dans l'environnement blockchain. Mais l’aspect social est au moins aussi important. »
Community building
Le KMSKA est le premier musée en Europe à opter pour ce mode de financement innovant en vue d'agrandir sa collection. Le tableau d'Ensor sera exposé dès la réouverture le 24 septembre, afin que chaque visiteur puisse en profiter. Rubey décèle également l’émergence d’une nouvelle forme de community building, ce concept qui décrit le développement d’une communauté d'individus en les fédérant autour d'un même centre d'intérêt. Une fois que les gens sont copropriétaires d'une œuvre d'art, ils créent un lien émotionnel avec elle. Ils reçoivent dès lors régulièrement des informations sur l'œuvre : lorsqu'elle est à l'étranger, si des recherches scientifiques sont menées à son sujet... Le KMSKA invitera également les détenteurs de
jetons à venir admirer ensemble le tableau.
Rubey a tenu à rendre cet investissement accessible à tous : il est possible de devenir copropriétaire à partir de 150 €. « Nous touchons des types de personnes très différents : certains le font pour l'investissement, d'autres parce qu'ils ont une relation avec le KMSKA, ou parce qu'ils sont fans de la peinture elle-même. Ce qui est bien, c'est qu'il y a aussi beaucoup de personnes âgées qui considèrent cela comme une sorte d'héritage pour leurs enfants ou petits-enfants. Avec ces jetons, ils peuvent transmettre un patrimoine culturel », explique Gwenn Nevelsteen.
Un nouveau projet secret
Après ce démarrage réussi, Rubey a déjà de nombreux projets dans la tête. « Nous avons l'ambition de le proposer aux musées de toute l'Europe, car la législation est plus ou moins la même dans tous les pays. Cette initiative a le potentiel pour devenir une plateforme puissante à différents niveaux, et c'est absolument notre intention. Pour le moment, des investisseurs issus de différents pays ont acheté ces jetons. »
Pour conclure, elle aimerait donner un indice sur un projet encore secret. « Nous voulons proposer prochainement des parts pour un deuxième tableau et pour… une voiture. Il ne s’agit évidemment pas d’une voiture pour circuler dans la rue, mais d’un modèle qui a sa place dans un musée. Pour l'instant, nous sommes toujours en train d’étudier cette piste, mais vous devriez encore en entendre parler », sourit Gwenn.
Envie de devenir copropriétaire du "Carnaval de Binche" de James Ensor ?
Vous pouvez encore investir dans les Art Security Tokens de ce tableau.